Maggie Nelson, née en 1973 est une autrice américaine, généralement décrite comme une auteure dont le genre est inclassable et qui travaille avec des éléments autobiographiques, la critique d’art, la théorie, la poésie. Pour moi, tout a commencé avec « Les argonautes » paru en 2017. J’en garde encore aujourd’hui le souvenir d’une lecture éprouvante, stimulante, et émouvante. L’envie d’approfondir son livre s’est révélée. Et c’est presque naturellement que l’achat du livre de Maggie Nelson » Bleuets » lors de sa publication en France s’est imposée. Paradoxalement, ce livre est resté sur mon bureau pendant de nombreuses semaines. Je ne l’ai pas ouvert, par choix, différant ainsi le plaisir de la découverte d’un ouvrage dont je connaissais peu le sujet, pas même la quatrième de couverture, mais tout juste le titre ainsi que sa place dans l’histoire de l’art. Puis naturellement, lors d’un séjour en Espagne, ce livre a rejoint la liste de mes envies. Je me suis donc plongé dans le livre. Et c’est ainsi qu’au mois d’octobre 2019, me projetant dans le futur artistique et dans le festival Italia Art à Dijon, qu’est née la possibilité de travailler autour de la couleur bleue, et du livre de Maggie Nelson.
Pourtant, réaliser une exposition personnelle à partir de ce livre relevait ainsi d’un défi tellement il est ancré dans l’histoire la plus intime de l’écrivain, comme la relation de couple, la douleur, la dépression, la perte, le deuil, la musique, la mélancolie. Nous avons vécu ainsi dans l’intimité de l’écrivain. Pendant ma lecture, je me suis demandé ce qui me reliait à l’auteure, puis la réponse que je pouvais formuler visuellement… En fait, je ne pouvais m’adresser directement à l’écrivain. Les seuls liens qui existaient étaient essentiellement artistiques : bleu de Klein, Joni Mitchell, les références littéraires….Le temps passant, l’envie de travailler autour de son texte persistait. Déjà je savais ce que je ne voulais pas : Illustrer ni son livre, déjà bien visible, ni illustrer la couleur pour la couleur. Mais réécrire quelque chose de personnel. Mon histoire, mes images, mes bleus, sans pour autant réaliser un travail autobiographique (journal de bord)
Le bleu est la couleur la plus communément aimée et appréciée en occident, dixit Michel
Pastoureau. En lisant son livre sur la couleur bleue et écoutant attentivement ses conférences, je me suis naturellement interrogé sur la pertinence de mon exposition : quelle est la portée de cette couleur en photographie. Mais c’était sans compter sur les signifiants d’une photo que l’on peut voir ici comme l’émergence d’une subjectivité ( propos du photographe ) dans un océan d’objectivité ( couleur ) ; Comme l’écrit Magie Nelson, l’expression ‘’ réussite d’un bleu ‘’ ( comprendre ici photographie ) dépend de plusieurs facteurs ( histoire personnelle de l’artiste, place de la photo dans l’histoire de l’art, contexte historique, sociologique ), et sa réussite à souvent rapport à quelque chose d’introspectif ( dépression, nostalgie) Pour réaliser cette exposition, j’ai donc continué certaines séries en cours, comme celle qui concerne l’écologie ( centrale nucléaire dans le sud-ouest de la France ,usine en Alsace et en Haute Saône ), ou la crise climatique ( tempête en Catalogne ) . D’autres, sont plus le reflet d’un désir d’émancipation collective (Barcelone).
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